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Le forum national de Bangui est-il tenable du 27 avril au 04 mai 2015 ?

avril 10, 2015

Le rapport final des activités de la commission préparatoire du forum national de Bangui a été remis officiellement à la cheffe d’Etat de transition, Catherine Samba-Panza, le mardi 07 avril 2015 par sa présidente, Emilie-Béatrice Epaye. Entretemps, la présidente de transition a pris une série de décrets nommant certaines personnalités devant présider ce forum national de Bangui, avant même que le rapport final lui soit remis. Ces prises de décision de Catherine Samba-Panza ont soulevé un tollé au Conseil National de Transition (CNT).

Dans une déclaration lue par la 1ère vice-présidente du CNT, Léa Koyassoum-Doumta, dans l’hémicycle dudit conseil de transition, le mardi 07 avril 2015 à 14 heures 45 minutes, les Conseillers Nationaux ont demandé à la présidente de transition de rapporter lesdits décrets, c’est-à-dire son annulation pure et simple. Les raisons évoquées par ces derniers sont l’absence de consultation préalable du CNT et des forces vives de la nation avant la publication de ce décret, l’exclusion du CNT du processus de ce forum…

De part la déclaration du CNT, le secrétaire général du parti KNK de François Bozizé est monté aussi au créneau pour demander le retrait pur et simple de ces trois (3) décrets, faute de quoi le KNK ne prendra pas part au forum. Il conteste la nomination de Jean-Jacques Démafouth comme coordonateur national du forum de Bangui, tout comme le CNT. Selon eux, certaines personnalités qui figurent dans ces décrets dont Démafouth, ont été mises en cause par la population centrafricaine lors des consultations populaires à la base. Elles sont accusées d’être de loin ou de près, responsables des maux qui s’abattent sur le peuple centrafricain.

Cette thèse vient confirmer celle des Anti-Balaka et de la Séléka lors du forum de Nairobi, au Kenya, où les ex-présidents François Bozizé et Michel Djotodia y ont pris part. Ils accusaient Jean-Jacques Démafouth d’être le principal responsable du blocage du DDR des ex-combattants au niveau de la présidence de la République.

A en voir de plus près, c’est la tête de ce tout puissant ministre-conseiller à la présidence qui ne satisfait guère, ni le CNT, ni le KNK et encore moins la population centrafricaine. Dans une interview réalisée par les Réseaux des Journalistes des Droits de l’Hommes (RJDH) avec le Conseiller politique de la cheffe d’Etat, Anicet-Clément Guiyama-Massogo, sur la radio Notre Dame, celui-ci a clairement signifié que la cheffe d’Etat de transition dispose d’un pouvoir discrétionnaire. Ce qui nous fait dire que la cheffe d’Etat peut nommer n’importe qui à la tête d’une institution, même si cette personne est contestée, rejetée par le peuple ?

Nous osons croire que ce n’est plus le moment d’agir comme bon semble. Nous sommes dans un régime de transition. Et de ce fait, toute prise de décision doit faire l’unanimité de tous. Ce calme précaire que nous observons n’est nullement un gage pour la paix. Comme l’a dit Léa Koyassoum-Doumta, « les Centrafricains attendent un dénouement heureux de cette crise », il est du devoir de l’Exécutif, précisément de la présidente de transition de rapporter les trois (3) décrets contestés. Car ne dit-on pas, « vox populi, vox Dei », en d’autre terme, « la voix du peuple, c’est la voix de Dieu » ?

Pour éviter au peuple centrafricain une autre crise qui serait peut-être catastrophique ou qui mettrait en cause les efforts déployés par les uns et les autres pour réussir les Consultations Populaires à la Base dont les résultats seront pris en compte par le Forum de Bangui, il serait souhaitable que la présidente revienne sur sa décision. Ce faisant, elle gagnera la sympathie du peuple centrafricain. Dans le cas contraire, son régime de transition serait voué à un échec.

Après le CNT, le parti KNK, d’autres voix vont probablement se lever pour contester ces trois (3) décrets. D’ailleurs, à travers le micro-balade de la radio Ndèkè-Luka, des citoyens lambda ont rejeté ces dits décrets. Jusqu’alors la Séléka, les Anti-Balaka, la société civile et bien d’autres couches sociales du pays n’ont pas encore fait savoir leur position. C’est dans ce tohu-bohu que « Centrafric Matin » s’interroge de la manière suivante : le Forum National de Bangui sera-t-il tenable aux dates prévues ? Seul Dieu le sait.

 

Denis LOUGOUSSOU-NGOUVENDA

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