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L’armee centrafricaine n’est que l’ombre d’elle-meme : la reforme de Bindoumi confrontee au lobby des officiers superieurs

janvier 18, 2016

Joseph-Bindoumi-interpellation« L’armée n’est pas une armoire où les cafards doivent s’entasser », disait un officier supérieur de l’armée centrafricaine. Des jours, des mois, des années se sont écoulés. Cette phrase négative tenue par cet officier s’est transformée en une phrase affirmative. C’est pour autant dire que « l’armée centrafricaine est une armoire… » Imaginez la suite.

Sans se voiler la face, l’armée centrafricaine est à 87% d’analphabètes aujourd’hui ; conséquence directe d’enrôlement sur la base clanique, ethnique, tribale, régionaliste. La plupart de nos militaires (sous-officiers et officiers) qui sont partis à l’étranger représenter notre armée dans des écoles de formation militaire, ne valent rien devant leurs compagnons d’armes venus d’autres pays. Leurs prestations sont négatives pour la simple raison qu’ils n’ont pas de bagages intellectuels. C’est la raison pour laquelle l’armée centrafricaine n’est jamais représentée dans des forces internationales telles que la Monusco (RDC), la Minusma (Mali)…

Pire encore, les officiers et les sous-officiers de l’Ecole Spéciale de Formation des Officiers d’Active (ESFOA) et de l’Ecole Nationale de Sous-officiers d’Active (ENSOA) ne valent absolument rien. Les militaires, bien formés, intelligents, valides sont lésés mais aussi frustrés parce qu’ils sont commandés par les soi-disant sous-officiers et officiers qui ne maîtrisent pas le terrain. Des tonneaux vides en quelque sorte. Accepteriez-vous d’être commandé par un commandant, un capitaine, un colonel qui a reçu ses galons grâce à son oncle, son cousin ou son ami qui fut un haut gradé, un ministre de la Défense ou même le président de la République ? Nous  ne le pensons pas. Arrivés ou plutôt parachutés au plus haut commandement militaire, et n’ayant pas les bagages intellectuels pour préparer un plan d’attaque, ces soi-disant sous-officiers et officiers échouent toujours lamentablement.

C’est ce qui est arrivé avec nos FACA où les plus hauts gradés de l’armée dédallaient comme des lapins devant les combattants de la Séléka. Les quelques braves militaires qui devaient les combattre sont obligés de rebrousser chemin, parce que lésés par ceux qui étaient à la tête de l’armée et du pays. C’est la raison pour laquelle la coalition Séléka a conquis plusieurs régions de la RCA en un laps de temps et a pris le pouvoir le 24 mars 2013 sans rencontrer de résistance.

Et ces pratiques des sous-officiers et officiers continuent à faire son petit bonhomme de chemin sous le régime transitionnel de Catherine Samba-Panza. Savez-vous que jusqu’à la date du jeudi 14 janvier 2016, les militaires sur le terrain ont accusé 4 jours de non paiement de leur Prime Global d’Alimentation (PGA) ? L’argent destiné à ce PGA est versé par le ministère de la Défense nationale, mais n’est jamais parvenu aux bénéficiaires. Il est intercepté quelque part par un lobby d’officiers supérieurs. N’est ce pas un détournement ? A vous de deviner.

Le ministre de la Défense Nationale, Joseph Bindoumi, un civil de surcroît, a du intervenir pour voir un peu plus clair dans la destination inconnue de ces PGA. L’ex-ministre de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, sous le régime du feu président Ange-Félix Patassé avait mis un accent particulier sur le PGA des militaires. L’armée se portait bien. Mais avec l’arrivée du président déchu François Bozizé, pourtant officier supérieur de l’armée (Général de son état), la PGA des soldats subalternes ne leur parvenait pas. Les soldats en détachement ne pouvaient faire leur travail comme il se doit. Car un adage dit, « ventre creux n’a point d’oreilles ». Et François Bozizé a récolté le fruit de ce qu’il a semé.

Ce même lobby d’officiers qui détournait autrefois la PGA, se retrouve encore aujourd’hui sous le régime de Catherine Samba-Panza et continue leur sale besogne. C’est pour autant dire que le détournement de PGA par les officiers supérieurs est devenu un cancer d’estomac. Dans cette condition, est-ce que les hommes de rang, peuvent suivre les ordres donnés par ceux qui détournent leur PGA ? Et c’est ce cas qui est à l’origine de la décomposition, de la déconfiture de l’armée centrafricaine. Les menaces terroristes se pointent partout ailleurs (Mali, France et récemment Burkina-Faso). Que fera notre armée pour y faire face si ces officiers ne changent pas de comportement ? Ce lobby d’officiers n’a-t-il pas d’égard pour leurs subalternes ? Ne savent-ils pas que c’est cette manière de faire qui a plongé aujourd’hui le pays et l’armée au fond du gouffre ? Mais pour votre gouverne, la bonne réforme entreprise par le ministre Bindoumi est confrontée au lobby de ces officiers supérieurs. Presque tous les militaires en parlent. Ils sont fiers d’avoir un ministre de la Défense Nationale comme Joseph Bindoumi mais regrettent néanmoins que la transition tire à sa fin et qu’il sera remplacé par un autre. Mais ils exhortent le nouveau Premier ministre de garder Joseph Bindoumi à son poste pour qu’il puisse achever l’œuvre qu’il a déjà entreprise.

Que cesse le détournement des PGA par les officiers supérieurs. Les militaires sur le terrain ont besoin de manger pour bien faire leur travail. Si nous observons ce qui se passe autour de nous aujourd’hui, nous constatons avec satisfaction que le redéploiement progressif des Forces Armées Centrafricaines (FACA) apporte petit à petit la paix et la sécurité, surtout dans la ville de Bangui et ses environs. Donc ces militaires qui sont sur le terrain doivent être bien traités par leurs supérieurs hiérarchiques. Plus question de détournement des PGA. Donnez à X ou Y ce qui lui appartient de droit. Laissez les jeunes militaires s’épanouir. Ne leur barrez pas la route.

A la lumière de ce que nous avons évoqué ci-haut, la reconstruction de l’armée centrafricaine depuis sa base jusqu’au sommet s’avère indispensable pour que la RCA puisse se doter d’une armée républicaine pluriethnique, digne de ce nom. L’ennemi du peuple c’est le Centrafricain lui-même, pire encore  les intellectuels et les cadres de l’armée, car il y a encore malgré le Tsunami Séléka dévastateur, des officiers inconscients, irresponsables et anti Républicains . A bon entendeur, salut.

 

Denis Lougoussou-Ngouvenda

 

 

 

 

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